par Marianna Paszkowska
translated by Isabel Churchill
Des larmes. À vif. Tellement humain. Ce week-end, j’ai pleuré plus de fois que je ne saurais le compter, mais pas pour les raisons auxquelles on pourrait s’attendre.Le voyage a été long jusqu’au cœur de l’Angleterre, un endroit où des collines verdoyantes s’étendent à perte de vue, imprégnées du parfum de la végétation luxuriante et ponctuées par le lointain bêlement d’un mouton.
Ma valise s’était égarée en route, me laissant sans les vêtements que j’avais soigneusement choisis, sans mes repères familiers, sans mon thé de montagne grec. À la place, je me retrouvais vêtue de vêtements achetés à la hâte et dépareillés, les cheveux en bataille, sans maquillage, sans mes collations véganes préférées pour me soutenir pendant ces longues journées de formation. Il y a quelques années, j’aurais été furieuse—gênée par mon apparence, irritée par l’inconvénient, m’abandonnant à l’inquiétude. Mais cette fois-ci, quelque chose était différent. Je n’étais pas en colère. Je n’ai pas laissé la frustration s’installer. C’était ainsi. Je l’ai accepté et j’ai continué, en faisant preuve de bienveillance envers les personnes responsables. Cela arrive.
Mon vol retour a aussi été annulé—un autre contretemps—mais après avoir trouvé une solution, l’anxiété et la peur se sont dissipées aussi vite qu’elles étaient apparues. J’ai eu l’impression que l’univers me mettait à l’épreuve. Voyons comment elle réagit à cela. Est-elle vraiment prête pour Shinpiden ? Et pourtant, je n’ai pas pleuré de frustration. Ni d’épuisement. Ni de colère. Je le dois au Reiki.
Le Reiki est souvent connu pour sa guérison par imposition des mains, un toucher doux qui soutient le bien-être physique et émotionnel. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Reiki nous enseigne qu’une énergie universelle circule à travers tous les êtres, nous rappelant l’interconnexion de tout. Pour moi, le plus grand cadeau de la pratique Reiki réside dans ses préceptes : Juste pour aujourd’hui. Ne te mets pas en colère. Ne te fais pas de souci. Sois reconnaissante. Vis avec intégrité. Pratique avec assiduité. Fais preuve de bienveillance envers toi-même et les autres. En somme : rester dans l’instant présent avec amour. Des mots simples, mais d’une profondeur immense. Des principes directeurs qui façonnent non seulement la pratique spirituelle, mais aussi la manière dont nous nous déplaçons dans le monde—la vie elle-même. Je suis loin d’être parfaite. J’essaie.
Les premières larmes sont venues du rire. J’étais là, en formation Reiki Master de trois jours, où Frans passait la journée entière à parler de concepts spirituels profonds issus de diverses traditions à l’origine du système Reiki—le bouddhisme, le shintoïsme, le taoïsme, le Shugendō, et même les arts martiaux. Et pourtant, je pleurais… de rire. Sa façon d’enseigner, à la fois légère et profonde, accessible et riche en couches, rendait parfois impossible de ne pas rire.
Oh, comme j’en avais besoin. Le rire nous adoucit, nous ouvre. Comme l’a dit Frans, quand nous rions, nous respirons profondément, depuis le hara, notre centre énergétique. Nous nous détendons. Et quand nous sommes détendus, nous recevons mieux—pas seulement des informations, mais de la sagesse et de la guérison. Le rire m’avait assouplie, ouverte. Et maintenant, alors que nous chantions, nos voix fusionnant en une seule, quelque chose de plus profond commençait à se produire.
Les enseignements qui précédaient nous rappelaient notre grande lumière intérieure, cette force vitale qui remplit l’existence, qui est l’existence. Et avec l’intensité du feu que je ressentais dans mon corps en chantant, mon esprit s’est soudainement élargi. Un instant d’interconnexion absolue. Aucune frontière, aucune séparation. Seulement un amour et une compassion profonds, silencieux, qui pulsait à travers tout ce qui est. Les larmes ont coulé sur mon visage. Inattendues, incontrôlables. Ce sont ces larmes qui viennent lorsque l’on touche quelque chose de sacré, quelque chose d’immense, si immense que la seule réponse possible est l’émerveillement.
Quel cadeau. Quel rappel… Plus tard, nous avons médité sur l’acceptation totale—se rendre à la réalité, voir les choses telles qu’elles sont, sans résistance ni illusions. Cela semble simple. Ça ne l’est pas. Nous nous sommes assis en silence, contemplant les symboles, absorbant leur signification, les laissant s’ancrer en nous. Et puis, quelque chose en moi s’est brisé. Je ne m’attendais pas à une libération émotionnelle, pas cette fois-ci. Aussi profondément engagée dans l’auto-guérison que je le suis, je pensais avoir déjà laissé partir tellement de choses. Mais beaucoup étaient encore là, cachées profondément, agrippées. Ces croyances limitantes, ces étiquettes que nous adoptons dès notre naissance… Alors, encore une fois, je pleurais. Et mes larmes emportaient tout cela avec elles. Un vieux poids, un jugement, un schéma dont je ne savais même pas qu’il me retenait encore. Il a cédé. Il a fondu. Une grande partie de moi l’a laissé partir. Disparu. Je me suis autorisée à pleurer, à me livrer à cette libération.
Les larmes tombaient doucement, et je ne faisais rien pour les arrêter ni les cacher. J’étais soutenue. Pas seulement par la pratique, ni seulement par l’énergie enveloppante de la salle, mais aussi par mon enseignant et mes camarades de formation. Nous nous sommes offert un espace d’accueil mutuel, témoins les uns des autres, sans jugement, sans intervention. Voir notre véritable nature—notre sacralité—peut être une guérison en soi, d’une manière qu’aucune technique par imposition des mains ne saurait accomplir seule. Non pas que cela ne soit pas important, ne vous méprenez pas.
Mais le système Reiki peut nous offrir bien plus encore. Et pour moi, cette formation de Reiki Master a été cela. Je suis repartie avec une profonde gratitude expérientielle pour l’existence elle-même. L’expérience de cette grande lumière que nous portons tous, celle qui décape nos douleurs, notre solitude, nos rêves brisés, nos couches de conditionnement, et qui ne laisse que ce qui a toujours été là : notre plénitude. J’étais venue à cette formation pour approfondir ma pratique Reiki, pour mieux accompagner les autres.
Je n’avais aucune idée que ce serait moi qui recevrais une guérison aussi profonde. J’ai pleuré pour tant de raisons ce week-end. Mais pas de tristesse. Pas de frustration. J’ai pleuré de joie. D’émerveillement. De soulagement. Et maintenant, alors que je boucle le tout pour repartir, je pourrais facilement pleurer parce que c’est fini… Mais au lieu de cela, j’essaierai de laisser être ce qui est—une autre étape sur le chemin. Je porterai la gratitude avec moi. Et je pleurerai encore… depuis cet espace-là.